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Sénatoriales : Vergès/Bello et Virapoullé/Robert, le choc des générations


Politique
Mercredi 15 Juin 2011

Paul Vergès conduira la liste PCR, aux Sénatoriales. Jean-Paul Virapoullé sera tête de liste celle de l'union de la Droite ou du Centre droit. Le premier est né le 5 mars 1925, le second, le 15 mars 1944. Paul Vergès a déjà été sénateur, Jean-Paul Virapoullé est sénateur sortant. En politique, y-a-t-il un âge de raison ? Un âge pour s'arrêter ?


La dimension de Paul Vergès, et à un degré moindre, celui de Jean-Paul Virapoullé, n'est pas contestée à La Réunion. Leur réussite comme leur erreur (volontaire ou involontaire) est connue de tous. Leur pouvoir d'union, de désunion et de nuisance, également. Ce pouvoir s'étiole. C'est naturel. La nature a horreur du vide.

Il serait incongru aujourd'hui d'en vouloir aux "rénovateurs communistes" d'avoir des ambitions pour le PCR, d'avoir une vision différente de l'avenir du parti. Huguette Bello, députée-maire de Saint-Paul a sa vision du PCR. C'est aussi le cas d'Eric Fruteau, maire et conseil général de Saint-André. Ces deux élus pèsent six (3 + 3) des onze élus communistes au Conseil général.

Pourquoi aujourd'hui n'auraient-ils pas le droit de participer aux décisions et aux stratégies politiques du PCR. En 2008, ce sont tout de même eux qui ont fait tomber deux grosses bastions de la Droite. A Saint-Paul Huguette Bello a réussi là où à échouer Paul Vergès, prendre la mairie d'une ville pourtant toujours à Droite.

A Saint-André, Eric Fruteau a réalisé l'exploit de battre Jean-Paul Virapoullé, le rival historique de Paul Vergès. Eric Fruteau a gagné là où a échoué de quelques voix, feu Laurent Vergès en 1983. Qui peut mettre en cause au sein du parti communiste la légitimité et la crédibilité de ces deux élus ? Personne.

Didier Robert, avec le soutien de l'UMP Paris depuis 2008, s'est inscrit dans la même démarche lors des Régionales de 2010. De manière peu cavalière et irrespectueuse (n'oublions pas tout de même que nous sommes en politique), il a créé les conditions pratiques et adéquates pour évincer Jean-Paul Virapoullé (qui est loin d'être un saint) de la liste d'union à Droite. Et ça a marché.

Seulement si au PCR, la personnalité incontournable de Paul Vergès suffit à maintenir la discipline au sein du parti, du moins en surface, en public, lors des meeting et des conférence de presse, à Droite c'est encore et toujours l'armée mexicaine. Et le frein des cantonales à l'ascension d'un Didier Robert trop autocrate, a ajouté à la cacophonie. Il y a du PS national dans la Droite locale.

Cette situation a rendu à Jean-Paul Virapoullé, son auréole d'homme de consensus. C'est vous dire si ça ne va pas à Droite. Le choc des générations a tourné à l'avantage du "vieux". C'est aussi le cas au PCR. Paul Vergès reste le fédérateur au parti communiste. Sa présence en tête de liste du PCR pour les Sénatoriales, écarte l'hypothèse d'une seconde liste communiste à cette échéance électorale…

A plus de trois mois des Sénatoriales, ce choc des générations crée donc un contexte politique complexe et "trouble", de nombreuses incertitudes, et des stratégies qui vont s'avérer surprenantes. Les élèves veulent surprendre leur maître. C'est vrai, il y en a qui vont être surpris.

A suivre...

Jismy Ramoudou


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